Parcours dangereux : des malles éparses, certaines ouvertes et d'autres fermées, des tissus en débordant, ou encore recouvrant le lit en masses molles appelant à s'y étendre comme des coussins voluptueux.
Des coffrets plus petits, dont certains munis de serrures : la correspondance, les rapports...
Une vieille malle, trônant au centre de ce fouillis, éraflée, peu glorieuse, détonnant au milieu des autres frappées d'armoiries, et semblant les couver de l'oeil bienveillant d'une vieille matriarche veillant sur sa tribu. La vieille malle du temps des errances, vêtue de haillons, recelant quelques souvenirs de sa vie d'artiste.
Forrest, qui courait encore plus que d'habitude, les bras chargés, secondé par Gaston.
Et dans des veines princières, un sang qui courait lui aussi plus vite, ressentant au plus profond l'appel de la terre.
Dans quelques jours, la Bourgogne, enfin !
Armoria virevoltait dans la fièvre des préparatifs, déjà plus vraiment là, donnant directives, conseils, taloches sur la tête des valets en cas de maladresse, le rire aux lèvres, s'arrêtant parfois avec un regard plus sombre.
A Fougères, bretonne, puis mainoise et bretonne de nouveau, elle avait connu ce que la vie offrait de pire, mais aussi un nouveau départ, une nouvelle chance qu'elle n'espérait plus, venant glisser une pointe de douce faiblesse sur la terre aride du devoir.
Voilà pourquoi ses lèvres, en ce samedi tout entier pris dans la fièvre du départ, se partageaient entre sourire et chantonnement.