Au petit salon pour un entretient...

Joséphine avait conduit Burger jusqu'au petit salon. Mazette, c'était super joli ici et décoré avec goût. Burger osait à peine fouler de ses pieds le sol qui était juché de riches tapis sur lequels on voyait brodés différents aspects de la vie campagnarde. La chasse, les semailles, les vendanges... ou encore représentant des animaux fabuleux...



La dernière fois qu'il avait vu tant de si belles choses, cela devait être au château de Rouen dont il avait arpenté les couloirs lorsqu'il était journaliste au calva express... mais même là, il n'avait pas eu accès aux loges des nobles gens...

Burger s'adressa à Joséphine qui l'avait conduit jusqu'ici.

Merci beaucoup m'dame, j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir. dit-il en lui souriant et en lui remettant ses colis chargés. Puis se tourna vers l'homme dont l'air lui était familier. Ne sachant s'il devait ou non lui tendre la main pour le saluer, il opta pour une légère inclinaison. En tant normal il lui aurait chaleureusement serrer la paluche, mais là Burger se sentait quelque peu intimidé.

Bonjour m'sieur, est-ce que la Princesse Armoria est là ? Elle m'a dit de passer la voir pour une histoire de travail.

Burger se remémora immédiatement du bonhomme qu'il avait repéré dans la foule à l'époque. C'était en Artois, Burger était perché sur une branche. Les esprits s'échauffaient, dame Armoria se défendait bec et ongles et avec cœur pour défendre ses idées... et dans toute cette agitation, un homme serein, l'œil aiguisé avait traversé la foule sans bruit, glissant parmi les gens, sûr de lui. Mais son visage... Burger s'en rappelait très bien... Ainsi tout s'éclairait...

Burger répondit avec un petit sourire. Le petit sourire que l'on fait bien malgré soit lorsque l'on sait quelque chose sur son interlocuteur que celui-ci ne devine pas.

Enchanté messire, je me nomme Burgerqueen, mais appelez moi Burger je vous prie. dit-il en lui tendant la main.

Pas infâme au point de ne pouvoir servir de garde du corps ! Je doute que vostre honneur soit si indigne pour vous trouver icelieu, je crois même que bien au contraire vous devez être homme de confiance.

Burger poursuivait,

Enfin, à vous voir, il me semble que la Princesse n'a rien à craindre si c'est vous qui vous assurez de sa sécurité ! En tout cas, votre stature est suffisamment impresionnante pour disuader n'importe quel malandrin !

dit-il en riant. Entretemps Gaston avait répondu à Burger.

Pardonnez moi messire, mais la Princesse Armoria n'est pas disponible, elle s'occupe d'un blessé qui vient d'arriver.

Lui dit-il d'une mine qui signifiait que celui-ci ne devait pas se trouver en bon état. Burger hésita... Il pensa aux plantes que contenait sa besace... Hum, devait-il se rendre près de la Princesse ? Après tout, sa science était bien limitée, et puis il savait fort bien que l'on n'aime point que des étrangers vous voient lorsque l'on ait dans un sale état...

Burger posa sa besace sur le sol, l'ouvrit et en extirpa un sachet qui contenait des feuilles vertes. Le tendant au valet, il lui dit.

Tenez mon garçon, ce sont des feuilles de betoine. Preniez un mortier et broyez les. Vous en appliquerez sur toute plaie ou contusion. Cela a un effet analgési... Enfin apaisant quoi. Portez vite cela à la Princesse et dites lui bien que si ma science est limitée je serais malgré tout ravi de lui prêter main forte si le besoin s'en faisait ressentir... Tendant le petit sachet, Burger se souvint alors.

Ah ! j'oubliais ! Pour que cela ai pleinement de l'effet, il faut que le malade récite à voix haute cette prière : «Herbe bétoine qui au commencement fut trouvée par Esculape, je te requiers par cette prière, toi qui est appelée Dame de toutes les herbes et par Celui qui ordonna que tu fusses créée pour œuvrer dans tant de médecines … je te requiers de bien vouloir m’aider dans toute chose que je voudrai.» Vous vous en souviendrez mon garçon ? Pressentant que la réponse allait être négative, Burger sortit un bout de parchemin et y marqua rapidement la prière à réciter au fusain. Puis tendit le bout de papier au valet.

Allez, maintenant filez vite.

Puis se retournant vers Snell

J'espère qu'il ne s'est rien passé de grave... Savez vous de quoi il en retourne ?

Gaston regarda Snell et Burger.

Je ne sais si... Enfin, peut-être que Son Altesse aura besoin d'aide : la jeune damoiselle est avec elle, déjà.

Le regard vers Snell se fit interrogateur : il était bien placé pour savoir les raisons pour lesquelles le borgne avait ses entrées à Ménessaire, et en quelque sorte, lui refilait le bébé.