Loreleï, occupée à broder à sa fenêtre, avait vu les invités - surprise ou non - arriver peu à peu. Elle avait posé son ouvrage et s'était dirigée en chantonnant vers les cuisines où elle savait trouver Joséphine à cette heure-ci.
Elle connaissait sa mère, et son goût à former de grandes tablées : elle ne se sentait jamais tant chez elle à Ménessaire que quand la bâtisse vibrait d'hôtes.
Au passage, elle était allée chercher son petit frère dans sa chambre : il était revenu des funérailles assez songeur, et passablement perplexe. Cela avait réveillé dans la mémoire de la jeunette les souvenirs de l'époque où elle avait cru son père mort, sans trop comprendre ce que cela signifiait. Sa mère semblait avoir toujours autant de mal à annoncer à un sien enfant le décès d'un père...
Après après prévenu Joséphine que cette fois encore, il faudrait préparer ce qui semblait devoir être un véritable banquet, elle avait emmené Philippe-Lévan dans la grande salle. Gaston s'y trouvait déjà, preuve que lui aussi connaissait la maîtresse des lieux.
Allez, Gaston, tu vas tout mettre en place : que nul ne quitte Ménessaire sans s'y être régalé.