Mes enfants,
Nous sommes le mercredi 15 de Juin 1459, le temps est fort lourd, comme si du feu tombait, liquide, du ciel. Et je m'apprête à faire ce que je me suis promis de longue date : vous narrer ma vie par écrit, écrit que vous recevrez après mon trépas, quelle que soit son avancée.
Loreleï, ma chérie, c'est toi qui l'auras en première entre les mains, afin que de juger si ton frère est en âge de le lire lui aussi ; pour cela, je te fais entière fiance, tu sauras le lui bailler aussitôt ou plus tard, à ta convenance.
Philippe, tu portes en tes veines le sang que j'ai servi, et t'avoir donné le jour me fut joie et fierté.
Je vous aime tous quatre du plus profond de mon cœur. Parce que je n'ai jamais oublié Ethan, et qu'ici je puis parler librement d'Aimée comme de ma fille, même si partout ailleurs, j'ai dû le taire.
La seule chose que je demande à Dieu, c'est de n'avoir jamais le malheur de n'avoir plus personne à qui les transmettre, de me permettre de partir, dans l'ordre des choses, avant vous.
Tâchez d'être cléments pour la femme que vous allez découvrir en ces pages, ne la jugez point trop rudement.... Son parcours a connu, comme quiconque, des hauts et des bas, de l'ombre et de la lumière. Elle a juste fait en sorte d'avoir plus de hauts que de bas, plus de lumière que d'ombre. En échouant, parfois ; en se relevant, toujours ; en y croyant, sans cesse.
J'espère que je renâclerai point devant la tâche que je viens d'entamer... J'estime vous le devoir. Mon nom est connu, et avec la gloire viennent les rumeurs. Elles peuvent être positives - rarement - ou fort négatives - souvent. Détenant seule les réponses, je vous donne les clefs de mon histoire : ainsi, vous serez à même de savoir qui croire, et que croire.
Je vous aime, mes enfants, et je souhaite à toute mère la chance d'avoir des hoirs tels que vous.