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La tavernière s'empressa de servir le géant qui venait d'arriver, bousculant son serveur qui avait tendance à poser derrière le comptoir comme s'il était le patron.

File voir en terrasse si j'y suis, toi !

Elle réserva un charmant sourire à Sebonemo. Joséphine avait toujours été un peu fiérote, chacun à Saulieu le savait... Mais c'était pire depuis qu'elle avait concocté le menu princier pour les invités de la fête donnée par la Duchesse, quelques jours auparavant. Elle servit Sebonemo.

Vous n'êtes point d'ici, messire... Vous cherchez quelque chose, quelqu'un ?

Sebonemo sourit à l'empressement de la tavernière. Il lui répondit.
Ma foi, je ne cherche personne en particulier. Votre taverne m'a paru accueillante et j'ai voulu venir vérifier la qualité de votre bière. J'arrive de Normandie et mon gosier est plus sec que l'outre de vin du duc. Servez moi donc une chopine et pendant que vous y êtes, amenez donc un tonnelet entier. Cela vous évitera des déplacements superflus.

La tenancière appela un commis qui se hâta de satisfaire la commande. Quant à elle, elle avait sa curiosité à satisfaire, c'était beaucoup plus urgent.

De Normandie ? Vingt dieux, ça fait loin ! Mais si c'est pour la fête, vous êtes en retard.

Elle regarda les vêtements de son client d'un oeil critique.

Non, pas pour la fête... Vous n'êtes pas du genre à venir à des fiançailles princières.

Des fiançailles princières ? Ah non, je suis pas au courant de cet évènement. Je me rend juste au château afin d'y rencontrer la duchesse et de la délivrer de mes deux petits monstres de filles.

Des fiançailles princières ? Et si vous m'en disiez un peu plus ? Cela fait plusieurs jours que je chevauche et je n'ai point eu le temps de me tenir au courant des dernières nouvelles. Mais asseyez-vous donc un moment et partagez une chopine avec moi le temps de m'informer sur ce qui ce passe dans les environs.

Les yeux de Joséphine se mirent à briller. Il n'y avait rien qu'elle aimait autant que de parler de la vie de la Duchesse.

Ah ça, pour sûr, qu'elle en a mis, de l'animation. Y en avait des qui disaient qu'elle viendrait jamais à Saulieu, mais moi, j'savais bien. Et pis elle a invité du beau longe, ça oui ! Des joutes, un bal, des jeux, un banquet, tout ça...

Le petit commis, derrière elle, mima des lèvres la phrase qu'elle dit ensuite :

Et c'est moi qui ai préparé le banquet !

Elle se rengorgea.

Les grands d'ce monde, y z'ont mangé grâce à moi... Ah oui, les fiançailles... Elle va se marier avec le fils d'not' bon Roy, not' Duchesse !

Elle avait prononcé cette phrase avec fierté : après tout, Armoria était la Duchesse de Saulieu... Et Saulieu, c'était Joséphine. Donc, Armoria était SA Duchesse...

Sebonemo ouvrit des yeux grands comme des soucoupes et faillit en lâcher sa chope de saisissement.
Vous parlez bien de la duchesse de Saulieu, Armoria d'Ylfan ? Mais quand je suis parti, elle filait le parfait amour avec le duc de Mercueil.

Et bien, j'ai bien l'impression qu'elle a encore fait des siennes la petite. Va falloir que j'aille lui tirer les oreilles pour ne pas m'avoir tenu au courant.
tss tss.

Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir que je reprenne la route. Il me tarde de voir la trogne de ce prince. Si Armoria a laissé tombé Asterius pour lui, alors il me faut le rencontrer au plus vite. Comment avez-vous dit qu'il s'appelait déjà ?

Tout en causant, Sebonemo sorti de sa bourse 3 pièces d'or et les posa sur la table puis se leva pour se préparer à partir.

C'est pas qu'jai pas confiance, messire, hein ? fit Joséphine en mordant les pièces, marquant le profil de Lévan d'une empreinte de dents. Satisfaite de son test, elle continua. Comment qu'il s'appelle ? Morgennes, Morgennes de Mortain, Duc de j'sais pu quoi. Enfin, Prince, surtout, ajouta-t-elle avec un sourire matois.

Sebonemo sourit.
Il n'y a pas d'offense. J'ai déjà vu bien pire. Quoiqu'il en soit, ce sera avec plaisir que je reviendrai me désaltérer chez vous et je ne manquerai point de vous recommander à mes amis. En attendant, je vais prendre congé. A bientôt.

Sebonemo sorti et remontant à cheval, il prit tranquillement la direction du chateau