Recrutement : accueil des candidats

Amandine ayant lu l'annonce sur la place du village de Sémur , eut envie de trouver une activité nouvelle a son existence. Elle venait pour la seconde fois dans ce beau château, il était bien moins peuplé qu'a sa première visite. Les jardins étaient bien plus paisibles et seul le vent dans les feuilles de peupliers troublait cette quiétude.

Arrivée à l'entrée, la jeune femme poussa timidement la lourde porte de bois. Le silence absolu régnait dans le grand hall. Elle fit timidement un pas en avant laissant se refermer la porte dans un bruit raisonnant et assourdissant.

Puis s'éclaircissant la voix.

Il y a quelqu'un?

Sebonemo avait dû s'absenter de toute urgence. Prévenue par Armoria, Joséphine avait reçu la mission - ô combien importante à ses yeux - d'accueillir les candidats intéressés par les annonces de recrutement. Elle s'était donc installée toute à son aise au bureau préparé pour l'intendant, se voyant déjà donner des ordres partout dans le château, parée des atours de la Duchesse.

Le bruit de la porte, puis une voix la sortirent de sa rêverie. Sursautant, elle se leva aussitôt.

Le bon jour, ma bonne dame ! Je suis Joséphine, l'aubergiste de Saulieu. Le m'sire Sebonemo a été obligé de partir à toute séance tenante, et je l'remplace. Vous v'nez pour l'annonce ?

Oui, Joséphine aimait les jolies formules... Mais ne savait guère les utiliser. Fière de son entrée en matière, puisqu'ignorant qu'elle s'était trompée, elle fit signe à un valet de servir à boire.

Amandine salua courtoisement la personne qui était venue l'accueillir, souriant à cette dernière qui venait de faire tant d'efforts pour soigner sa présentation et son verbe, même si la formule employée n'était pas la bonne.Prenant le verre offert par le valet, en le remerciant d'un geste de la tête, elle reprit.

Bien le bonjour, oui je viens pour l'annonce, je suis prete à offrir mes service à Dame Armoria.

Amandine en prononcant ces paroles se demandait si elle etait en train de faire une bonne chose. Son époux n'etait pas encore au courant de cette décision et ne portait pas Armoria dans son coeur.

Quel postes seraient disponible?

Le large sourire de Joséphine se figea un peu : la mission qu'on lui avait confiée était importante, et elle craignait d'échouer. Son esprit rechercha à toute vitesse, essayant la logique pour se souvenir de chaque poste à pourvoir.

Euh... Alors, il faut des gens de maison, des qui servent à...

Elle cherchait désespérément ses mots.

Chambrières ! Voilà, c'est ça !

Elle compta sur ses doigts, regardant le parchemin d'instruction avec une pointe de désespoir. Si seulement elle savait lire !

Ah, si, quelqu'un pour faire la cuis...

Ah mais si elle parlait de la cuisine, elle allait perdre l'occasion de briller à nouveau, comme lors de la dernière réception.

Euh, j'ai oublié le mot, fit-elle sournoisement. Des médicastres, des gens d'arme... La cave et l'intendance, c'est m'sire Sebonemo qui s'en occupe. Mais surtout, la Duchesse, alle a dit qu'y fallait dire c'qu'on savait faire, et qu'avec les... Compétinces, hasarda-t-elle, a pourrait trouver queq'chose. Savez faire quoi, ma p'tite dame ?

Pas la cuisine, j'espère, songea-t-elle.

Amandine sourit à nouveau, amusée par la façon de faire de la dame devant elle.

Mes compétences....
bien disons que je suis une femme de maison assez honorable, aussi bien pour l'entretien de cette dernière que pour la cuisine....


Elle vit soudain le visage de la jeune femme changer en entendant le mot cuisine.

mais j'ai aussi d'autres compétences. j'ai été infirmière, soldat et maire, je vous laisse donc la décision de me proposer des postes à pourvoir. Je suis assez polyvalente...

Joséphine ouvrit des yeux ronds en entendant la liste des "compétinces".

Ah, euh... Va falloir que j'note tout ça, j'suis pas sûre de m'souvenir de tout...

Elle regarda le parchemin, la plume et l'encre qui attendaient son bon vouloir... Enfin, si elle avait su écrire.

Euh, dites, dame... Je m'suis fait mal au poignet, là, vous n'voudriez pas l'écrire, des fois ? Pis après, on envoira tout ça à la Duchesse !

Amandine comprit l'embarras de la servante, consciente de la chance qu'elle avait eu, étant simple paysanne, d'apprendre l'art de l'écriture. C'est donc sans aucune remarque qu'elle prit la plume et coucha sur papier quelques mots bien différents de l'énumération faite à la jeune femme.

Citation :

Chere Duchesse,

Par ces mots je viens vous mander une place dans votre château. J'accepterais le poste que vous aurez l'obligeance de m'offrir, je sais que votre choix sera le meilleur pour moi. Je m'en remets donc à vous.

Avec toute ma gratitude, et mes plus humbles salutations.

Amandine.

Elle tendit la feuille à Joséphine tout en souriant.

Voila.....

Joséphine prit le parchemin avec un sourire et se mit à le parcourir des yeux avec un petit claquement de langue exprimant sa satisfaction.

J'pense que ça ira, c'est très bien.

Elle tenait la feuille à l'envers, mais l'ignorant, elle était persuadée que les apparences étaient sauves. Sa propension aux ragots reprit le dessus, sa tâche étant accomplie, et elle prit un air de conspiratrice.

Vous savez qu'la Duchesse, a va bientôt êt' Princesse ?

Le moment était venu pour Joséphine de révéler son importance. Elle se rengorgea.

Au service d'la Duchesse ? Non, m'dame ! J'suis l'aubergiste de Saulieu. C'est vous dire si j'en connais, des soldats bourguignons, si vous voyez c'que j'veux dire... La Duchesse a eu besoin d'aide, alors j'suis v'nue, quoi.

J'm'en vais lui faire pervenir vot' lettre, a va vous répondre bientôt.

Intriguée par la suite, elle regarda Amandine, avide d'en savoir plus, et comme elle le faisait au comptoir de son auberge, lui versa un autre verre pour l'inciter aux confidences.

Amandine se retourna vers la voix grave venant troubler leur discussion, lui adressant un sourire tout en le saluant d'une révérence dont elle avait la manière.

Bien le bonjour Messire, enchantée.

Sa voix douce, achevait la délicatesse des traits de son visage, et le vert de ses yeux lui donnait tout son éclat.

Présentant Joséphine de la main, elle reprit.

Cette Dame est la maitresse des lieux en ce jour, elle pourra vous renseigner plus que moi puisque je viens simplement postuler à l'annonce de notre Duchesse.

S'écartant d'un pas en arrière pour laisser la parole à Joséphine.

La maîtresse des lieux... Joséphine ne se sentit plus de joie. Rayonnante, elle salua l'arrivant.

La bonne journée à vous, messire ! Comme la dame a vous l'a dit, la Duchesse est en voyage et m'sire Sebonemo l'a dû comme qui dirait s'absenter. Donc, c'est moi que j'accueille les candidats. Vous postulez ?

Elle espéra qu'il savait écrire, comme Amandine. L'espace d'un instant, elle songea à ce qui arriverait si un candidat était illettré tout comme elle.

La Duchesse, alle a dit qu'y fallait servir un verre à ceusses qui venaient candidater.

Un signe au valet qui s'empressa. Joséphine adorait ce rôle : donner des ordres à un valet, c'était tout de même autre chose qu'à un commis de salle...

Joséphine était toute à son affaire. D'un oeil habitué à jauger les clients de sa taverne, elle évalua Ptolémée. Pas un cuisinier, ça, pour sûr. Elle fit mine de regarder la liste des postes.

Alors... J'dirais qu'vous êtes point maître du queux, vous, z'avez pas une tête à cuisiner, sauf vot' respect, messire. C'est quoi donc, vos compétinces ? demanda-t-elle gentiment.

Ah, comme je l'disais à la dame Amandine, y faudra m'écrire ça sur l'papier, là... J'ai mal au poignet, j'peux pas t'nir la plume, ces temps-ci.

Un nuage de poussière précéda l'arrêt brutal d'un cheval pur-sang à la robe noire luisante de sueur.
Flanqué d'un drap de selle aux couleurs de la Bourgogne, le noble animal était monté par un soldat à l'armure de fer usée par les combats.
Un écu aux armes de Saulieu au bras gauche, sa lance spirallée de rouge, levée vers le ciel au bras droit.
Le heaume tourné vers Amandine, une voix de ténor déclara :

-Bonjour Amandine !

Le commandant de la garnison militaire de Saulieu, unité de cavalerie lourde de l'Ost de Bourgogne, s'adressa alors à la"bonne femme "Joséphine :

-Veuillez remettre ce pli à messire l'intendant Sebonemo, je vous prie !

Faisant un signe de tête à Ptolémée, avant de tourner bride, le capitaine Maupileth lança:

-Je retourne rejoindre l'Ost de Bourgogne. Chaque bourguignons portant les armes est le bienvenue. Restez vigilants, la guerre est à nos portes !

Puis la monture, poussant sur ses jambes au son d'un claquement de langue, pris un galop enragé vers Sémur.

Joséphine n'eut pas le temps de réagir à l'arrivée du soldat. Elle le reconnut pourtant, il s'agissait du responsable de la garnison de Saulieu. Mais elle en était à dire bonjour qu'il était déjà parti. Elle prit la lettre pour Sebonemo, la cacha dans son corsage pour la lui remettre plus tard puis se reconcentra sur Ptolémée.

Ah ça, dame oui, la Duchesse, alle a dit qu'y fallait des genses d'armes... Bah z'avez juste à écrire ça, et pis vot' nom, alorse.

Amandine eut un temps pour reconnaitre Maupileth sous son armure, seul le son de sa voix lui fit prendre conscience que c'était son ancien sergent et surtout son ami de longue date.

Elle n'était plus a la scène présente, son esprit focalisant sur les paroles de celui qui etait maintenant commandant.

La guerre.....La guerre aux portes de la Bourgogne.....

Amandine avait promis de toujours servir la Bourgogne, elle avait renoncé a l'armée pour un temps mais n'avait jamais voulu la quitter vraiment.

Le visage de la jeune femme devint inquiet.

Je ....Je...j'attend donc la réponse de notre Duchesse Madame veuillez m'excuser.....

Messire.....

Saluant Ptolémée.

La jeune femme disparut soudainement, retournant à toutes jambes aux grilles du chateau ou elle avait laissé sa monture et prit la direction de la garnison de Saulieu.

Ptolémée salua la jeune femme qui quitta subitement la salle... Il se reconcentra sur l'autre femme qui s'occupait du recrutement et lui sourit.


Bien sur Madame.

Ptolémée prit la plume, la trempa dans l'encre et écrivit :

Citation :

Chère Duchesse,

Je vous écrit cette missive moi-même car la dame s'occupant de votre recrutement a mal au poignet. Donc, je souhaiterais, puisque mes compétences vont dans ce sens, être un garde ou quelque chose du genre. La bataille, ça me connaît! Et je sais me battre avec courage. J'attends donc une réponse de votre part.

Tous mes respects,
Cordialement,
Ptolémée

Il donna ensuite le parchemin à la seule personne autre que lui en ces lieux....

A peine de retour, Sebonemo décida de prendre ses fonctions sur le champ. Il rejoignit donc Joséphine qui le remplaçait afin de lui permettre de retourner à son auberge. Il prit connaissance des missives qu'elle lui transmit.

Merci Joséphine de m'avoir remplacé. Comment puis-je vous remercier ?

Après avoir pris connaissance des 3 missives, Sebonemo y répondit en commençant par Amandine, se demandant comment Son époux apprécierait qu'elle travaille pour une personne qu'il n'aimait pas franchement.

Citation :

Amandine,
J'ai bien noté votre désir de vous mettre au service de la duchesse de Saulieu. D'après le document que vous m'avez laissé, j'ai noté que vous pourriez remplir plusieurs postes à savoir :
- Chambrière
- Médicastre
- Garde

Pourriez-vous m'indiquer quel poste vous plairait le plus ?

En l'attente de votre réponse,
Cordialement
Sebonemo, intendant de Ménessaire.

Ayant reçu la réponse d'Amandine, Sebonemo coucha sur le papier les premières recrues.

Citation :

Capitaine de la garde : Maupileth
garde de Menessaire : Amandine, Ptolémée.

Un messager vint déposer une missive sur le bureau de Sebonemo.

Citation :

Cher ami, J'accepte bien volontier le poste de garde que m'offre la Duchesse, promettant de la servir avec loyauté.

Mais par cette missive je vous informe qu'un contre-temps va me retenir. En effet je viens de recevoir une missive me convoquant à la congrégation de la Sainte Inquisition pour témoigner.

Pour qui? pourquoi? je ne sais pas encore, mais vous promet de me rendre sans tarder au chateau dés mon retour.

Bien amicalement Amandine