La chambre de maître

C'est ici ! fit-elle en poussant la porte. J'ai fait aménager cette chambre comme celle...

Elle s'éclaircit la voix.

Comme celle où j'ai dormi, à Arnay, depuis la mort de Persan.

Elle se mit - enfin - debout, fusillant du regard les hommes qui portaient la litière, qui pourtant n'avaient fait qu'obéir. Elle entra dans la chambre et alla s'assoir sur le lit.

Dame Bilichilde, pourriez-vous délacer un peu le haut de ma robe ? Le taillandier a dû se tromper, j'ai l'impression d'y étouffer...

Promptement, Bilichilde s'approcha du lit où la Princesse venait de s'asseoir, et, après avoir vérifié que les porteurs de la litière avaient bien refermé la porte derrière eux - et surtout, qu'ils n'étaient plus là, à pouvoir regarder ce qui se passait - la jeune femme dénoua les lacets de la robe, espérant que, par là, la Princesse puisse mieux respirer. Puis, avisant la fenêtre toujours ouverte, elle lui demanda :

N'avez vous pas trop froid ? Ou, au contraire, trop chaud ?

Antoineleroy monta les marches menant à la chambre de la Princesse Armoria, puis il s'arrêta en haut des marches pour regarder de chaques côtés et savoir où se trouvait la chambrée de la Duchesse Armoria...
Le médecin avança donc, perplexe, pour trouver un grande porte en chêne, mais rien ne fut!

" Rha...où est donc cette fichue Chambre? "

Un léger bruit le fit sursauter, il se dirigea vers ce dernier et arriva nez à nez avec une belle porte gardée par deux gardes droits portant des hallebardes. Cet scène lui rappellait le bureau de la Duchesse à Dijon...

" Bonjour messieurs, je suis le médecin Antoineleroy, et j'ai suivit la Princesse Armoria étant donné qu'elle ne se portait pas très bien...
Pouvez-vous m'annoncer et savoir si je puis entrer et si elle a besoin de soins? "

Le premier garde entra donc après avoir frappé, et le deuxième quand à lui débrassa le médecin de son épée, de sa dague et il fouilla la sacoche de médicastre afin de vérifier qu'il n'y ai pas n'importe quoi dedans...

Elle respira plus à son aise une fois le haut de sa robe délacé.

Mille mercis, dame...

Suivant son regard, elle vit la fenêtre ouverte ; rien qu'à penser à la fraîcheur extérieure, elle ne put réprimer un frisson, ce qui la fit doucement rire.

Ma foy, maintenant que vous le dites et que je vois la fenêtre ouverte, j'aurais presque froid.

Le garde frappa à la porte et annonça Antoineleroy. Armoria saisit une fine étole près de son lit et la posa sur ses épaules.

Faites entrer !

Le garde ressortit de la Chambre en laissant la porte ouverte et en montrant au médecin d'un geste de son bras où se trouvait la Princesse Armoria. Un léger sourire monta aux lèvres d'Antoine qui retira des mains du compère sa saoche de médicastre.

" Prenez-soin de mes affaires je vous prie... "

Il rit légèrement puis entra enfin dans la grande chambrée richement décorée et légèrement fraiche. Son regard se posa instinctivement vers la fenêtre que la Charmente Bilichilde venait de fermer.
Le médecin fit une grande génuflexion, puis il vint baiser la main de la Duchesse avant de saluer d'un signe de tête Bili

" Bonjour dame Armoria. Au vue de votre récent état lors du procès, j'ai suivit bien évidemment votre carosse pour venir vous osculter.
Puis-je? "

En attendant la réponse, il posa délicatement sa sacoche sur la table de chevet, puis il se tourna enfin vers la Princesse en la regardant de haut en bas.
Il lui prit le poignet et attendit quelques instants comme ceci pour vérifier le poul.

" Avez-vous des vertiges? Vous sentez-vous tremblante? "

Tout en posant ces questions, il mit la main sur le front de la Duchesse pour vérifier la chaleure du front, qu'il sentit plutôt humide et chaud...

" Vous sentez-vous étouffée, serrée?
Quels sont vos principaux symptômes? "

Le médecin recula un peu puis attendit les réponses en souriant légèrement

Elle salua aimablement le médicastre, après avoir remercié Bilichilde pour la fenêtre.

C'est fort aimable à vous d'être venu, messire. Des vertiges, nenni... Enfin, à part ce qui s'est passé au tribunal, bien sûr, ajouta-t-elle en fronçant le nez. Tremblante, point davantage, non... Etouffée et serrée dans mes corsages, oui, en revanche.

[Nan, pas de front humide et chaud. Hihihi]

[nanana et alors, on peut se tromper non? ]

Le médecin hocha alors la tête puis soupira

" D'accord, donc d'après ce que vous me dites, vous n'avez eue qu'une seul vertige...et heureusement... ainsi qu'un sentiment d'étouffement! "

Antoine tourna en rond dans la pièce en songeant, puis il regarda le ventre de la Princesse Armoria

" Hum puis-je retoucher votre front? "

Il mit alors sa main sur le front de la Duchesse, front qui n'était plus chaud ni humide. Elle avait donc dû faire quelques légers efforts avant la première fois...
Antoineleroy fouilla ensuite dans sa saoche et y ressortit un petit livre qu'il parcourut des yeux avant de demander tout bas

" Pensez-vous que vous pourriez... enfin comment dire... être enceinte? "

Debout dans la pièce, à quelques pas du lit, Bili regardait son ami ausculter Armoria, tournant en rond devant elle, puis recommençant son manège. Diantre, qu'il devait être difficile d'être médecin !

Puis, soudain, il fouilla dans son sac, et se pencha vers la Princesse. Intriguée, Bili se concentra pour écouter ce qu'il disait, espérant bien qu'il allait confirmer son hypothèse. Mais, ne l'ayant qu'à peine entendu dire : "Pensez-vous que...", elle se redressa, déçue de ne pas avoir entendu la suite, maugréant contre les médecins, qui, certainement, s'entrainaient à mal articuler, pour apprendre à ne plus écrire de façon compréhensible plus tard.

Armoria ouvrit des yeux ronds.

Si je... ?

Elle referma la bouche et réfléchit... Calcula, plutôt.

Eh bien... Il faut bien dire que notre impatience a été plus importante que notre pitié, commença-t-elle en s'empourprant, avant d'ajouter vivement : mais nous nous sommes confessés !

Elle se souvint de deux autres évanouissements... L'un se prénommait Loreleï et l'autre, Ethan. Un rapide coup d'oeil vers sa poitrine.

Humpf... Mon taillandier a peut-être bien travaillé, en fait... Il est possible en effet que mes... mensurations aient quelque peu évolué.

Elle se mordilla la lèvre inférieure, puis sourit, avant d'être saisie d'un brusque frisson.

Doux Christos... Tous ces risques pris, à Dijon... J'aurais... J'aurais pu le perdre...

Le médecin rougit largement puis il fit quelques pas de long en large dans la pièce avant de regarder le Duchesse Armoria en se mordant les lèvres

" Bon, donc si vous vous êtes évanouïe, c'est dû à un surmenage!
De plus, si comme vous le dites, vous... vous... vous attendez un enfant, il va de sois que le repos est recommendé. "

Le médecin rangea son livre puis il regarda Bilichilde avant de retourner son regard vers la Princesse.

" Les détails ne me regardent pas, je ne vais rien vous demander de plus, si ce n'est de vous reposer en tout cas pendant 2 jours sans forcer bien entendu.
Vous avez déjà eu des bambins, et vous devez savoir qu'un peu de surmenage peut avoir de grâve conséquences sur votre bébé. Et le pire est en cas de chuttes, ou de vertiges... Si vous retombez sur votre ventre, celà peut entraîner des séquelles! "

Le visage d'Antoine se forcit un peu, puis il regarda Bilichilde pour qu'elle surveille bien la Duchesse durant ces deux jours de repos si elle le pouvait bien sur...

" Je répète donc, deux jours de repos!
Et trois fois dans la journée, buvez de l'infusion de feuilles de framboisier. C'est la meilleure 'potion' pour les femmes enceintes... "

Il donna alors une fiole rose à Blichilde

" Tu en auras certainement pour 3 jours avec cette fiole, mais il faudra en préparer d'autres après... "

Il se tourna ensuite vers la Duchesse en souriant légèrement

" Si vous avez besoin de moi, n'hésitez surtout pas... "

Toujours autant intriguée, curieuse de voir si elle avait raison ou non, la jeune femme regardait sa Dame, rougissant à la remarque non entendue d'Antoine, puis se justifiant vivement... Certainement, elle devait avoir raison, cette réaction le lui disait. Tout comme le confirma Armoria par la suite.

Grand sourire sur le visage, heureuse pour sa Dame (et pour son ego aussi, bien entendu !), Bilichilde écoutait le médecin, prenant bien de garder en mémoire ses consignes. Trois infusions par jour. Du repos, deux jours de repos complet.

Bien, Antoine, j'y penserai, je m'en occuperai.

Humpf... Repos ? Pendant deux jours ?

Armoria fronça le nez.

Je ne suis pourtant point malade, bougonna-t-elle.

Dans son esprit, les pensées se bousculaient déjà. Avertir son époux. Loreleï, comment le lui annoncer ? Ethan le saurait-il ? Plus cruellement encore, elle souffrait de son absence.

Il remercia Bilichilde en souriant, puis il se tourna ensuite vers la Duchesse Armoria qui groumphait presque...

" Non il est vrai vous n'êtes point malade, mais le repos est le meilleur remède à votre cas! "

Il rit joyeusement, puis se tourna vers la porte

" Je penses que je n'ai plus rien à faire ici. Mais si vous souhaitez que je restes un peu, je le puis volontier! "

Il sourit puis reprit

" De toute manière, je repasserait dans 3 jours pour vous rapporter plus d'infusion de fueilles de framboisiers! "

Encore un peu renfrognée - eh oui, quelle idée, aussi de prescrire du repos à Armoria -, elle désigna un siège à son visiteur, et un autre à Bili.

Bah, vous avez pris la peine de venir jusques ici, je serais une véritable barbare de vous laisser repartir sans vous avoir au moins offert de mon vin...

Elle se saisit de la clochette posée non loin de son lit, et sonna le valet : elle avait entendu des pas dans le couloir.

Holà, derrière la porte, mande-nous de quoi boire et régaler mes hôtes !

Elle posa la clochette et passa derrière le paravent pour se rajuster, retirant son étole, mais sans trop resserrer son corsage - chose impossible, d'ailleurs, sans aide. Et puis il fallait au moins pouvoir respirer...

Sebonemo entendit l'ordre et le transmit à un page qui passait, l'air désoeuvré. Puis il toqua à la porte.

Puis-je entrer ?

Un museau se profilant en haut du paravent, un sourire.

Ah, c'est toi, Sebonemo ? Mais oui, entre donc... Où est passé Theognis ?

Je ne sais pas. Je ne l'ai plus vu depuis qu'on t'a monté ici. Il a du allé faire un petit tour.

Apercevant Antoineleroy.

Alors messire, quel est votre diagnostic ? Qu'est-il arrivé à notre amie ?

Comment cela, je suis parti faire un petit tour?

Théo entra à grandes enjambées dans la pièce, visiblement mécontent envers Sebonemo.

J'ai pris un petit cassedalle aux cuisines, voilà tout!

[i]Contrarié, il inclina la tête à l'adresse du visage d'Armoria qui dépassait du paravent, gardant les yeux baissés sur le tapis un long instant, puis attendit qu'Antoine réponde à la question.