Petite soirée entre amis (ou presque) - 13 août 57

Dami venait d'être appelée près de la Princesse. Qu'est-ce que cela pouvait signifier ?
Tequila parcourut la pièce du regard guettant sur les visages la moindre réaction pouvant lui en apprendre un peu plus après tout c'était la première fois qu'elle était admise ici.
Tequila sourit, dans un coin de la pièce, se tenait son promis. Elle s'avança vers lui.

Bonsoir mon amour, lui murmura-t-elle. Tu sais ce que cela signifie ?

Pas le temps de saluer Clothilde, croisée fort enervée dans un couloir, que le salon se présentait à eux.

Foule bigarrée, ponponnée, élégante. Pléthore de titres, d'armoiries et de fines lames. Regard circulaire, déjà trouver l'hotesse, reste d'éducation. Pas trop d'efforts à faire, Tiamarys l'a déjà repérée.

Inclinaison légère du buste. Age et fierté ont tendance à lui bloquer le dos.

Altesse, ravi de vous revoir. D'autant plus que j'ai quelque chose pour vous, je me ronge de remords depuis plus d'une année, craignant que l'objet ne vous manque.

Paquet présenté, sourire aux lèvres. On peut aperçevoir l'étoffe, verte et violette. Affreuse, en résumé.

Robe laissée entre les mains aussi surprises que princières, avant de se tourner vers l'assemblée. Sourires, hochements de tête, rapide contrôle des tenues des 45, encore sobres, tout va bien.

Regard vers Dami, lèvres pincées, serait-elle fachée ? Pourtant il a entendu la rumeur de la demande, un grossier l'aurait-il contrariée entre-temps ?
Allez, courage, il faut faire le tour, avoir un mot pour chacun.

Il s'ébranle, surveillant par la meme occasion l'avancée des plateaux de verres. Calculer pour croiser leur route, sans trop s'éloigner de la croupe d'Aubiat, frôlée par inadvertance a la moindre occasion.

Citation :

Bonsoir mon amour, lui murmura-t-elle. Tu sais ce que cela signifie ?

a la vue de sa promise ,le sourire lui revint ah ma tenebreuse vient dans mon coin c est plus calme ,et puis j'ai de quoi nous desalterer

et puis je crois que notre gentille princesse doit faire un discourt ,donc ,chutt

Elle avait croisé le regard d'Eusaias, avant son départ. Il fallait croire qu'il n'avait pas compris ce que représentait un octroi à ses yeux.

Après tout, ce n'est pas la première ni sans doute la dernière fois qu'un membre de mon entourage ne coprend pas mes intentions, murmura-t-elle.

Et ce goût amer, toujours, au fond de la gorge.

Continuer.

Paillard réussit pourtant l'impensable : quand elle reconnut l'horreur dans le paquet, elle ne put retenir un petit rire. Petit, mieux que rien. Mais elle aurait défié quiconque de garder son sérieux ou sa tristesse en ayant assisté à la ronde de Paillarde, à Fougères...

Loreleï, ma fille, ma douce aînée, ma gente pucelle... Je n'ai pas le moindre doute quant à ton soutien, et ton obéissance va croissante. De sang noble tu es issue, mais tu n'as pas encore à porter les couleurs qui permettront de te faire faire belle noce.

Damisella, votre fidélité n'a depuis longtemps plus besoin de serment, mais vous avez un Duc à épouser, et il vous faut une dot en conséquence.

Krystel, vous avez hérité du noble coeur de votre mère, et de sa grande valeur.

La phrase suivante semblait toujours curieuse à entendre : à prononcer, elle le serait encore plus...

Toutes les trois, voulez-vous être vraiment mes dames ?

Loreleï, le fruit de ses entrailles, Damisella, de tous les dangers, Krystel et les souvenirs d'une défunte...

Emotions en tous genres, et yeux qui brillaient.

Citation :

Toutes les trois, voulez-vous être vraiment mes dames ?

Les phrases de la princesse sont comme un coup de vent pénétrant par les portes grandes ouvertes du jardin.
Elle le prend de plein fouet, rire envolé, soudain enveloppée de cette chaleur qui irradie de leur chère vanillée.

Bienséance qui devrait laisser la parole à Loreleï, pourtant Dami fixe les yeux brillants de la princesse, explosion de joie et de fierté, ses yeux s'illuminent de bonheur et de reconnaissance

Voix cassée par l'émotion, elle balbutie

Ma Dame.... Votre Altesse.... ma vie vous appartenait déjà.... c'est un grand honneur.... oh oui je le veux

Bouche pâteuse, un peu honteuse, Krystel gardait la tête baissée, prête à recevoir une avoinée vanillée.

Toutes les trois, voulez-vous être vraiment mes dames ?

Elle leva la tête, écarquilla les yeux. Elle regarda ses voisines, elle regarda autour d'elle. On lui avait bien parlé, à elle ? Vrai de vrai ? L'une des demoiselles déjà avait répondu. On attendait la réponse de Loreleï. La flamande allait-elle, elle aussi, parler avant la fille d'Armoria ?

Oh ! Votre Altesse...

Apparemment, oui... aussi, valait-il mieux aller jusqu'au bout. Quitte à s'excuser auprès de la fille de la maîtresse des lieux. Mouais... pas terrible tout ça... La jeune flamande repensa alors au lien de vassalité, ce qu'il signifiait. Elle se demandait bien en quel honneur elle avait le droit... à tant d'honneur. Elle vira du blanc au rose, en passant par le vert et le gris.

C'est un grand honneur... Je... Je serai très honorée... Oui, je le veux !

La dernière phrase était prononcée un peu vivement. On aurait dit une mariée répondant à un prêtre. La jeune fille s'en rendit compte, et rougit.

Elle fut la dernière à répondre, en effet. Pourquoi ? Parce que sa réponse serait aussi la toute fin de son enfance... Parce que cette seigneurie allait servir à la marier.

Et la toute jeune fille qui avait passé quelques temps dans le Languedoc, où son coeur flambant neuf avait été piétiné par Cristol, ne ressentait plus rien de cette curiosité face à son futur mariage.

Parce que maintenant, elle savait pourquoi sa mère avait été malheureuse en tant que femme mariée, et parce que maintenant, elle savait qu'un époux était juste dans la vie d'une femme un fâcheux événement, mais le seul moyen d'avoir des enfants légitimes et des douleurs pas forcément méritées.

C'était à cause de lui, à cause du jeune Siarr qui avait joué avec ses sentiments purs et maladroits, qu'elle n'avait nul goût à fréquenter les gens, ayant entrevu combien ils pouvaient être faux et mauvais.

Ô temps, suspends ton vol... Mais le temps refusa.

Elle se raffermit, prenant sans s'en rendre compte le masque que sa mère revêtait quand elle faisait son devoir, et se redressant, ayant en cet instant précis rarement autant ressemblé à Armoria, dit d'une voix claire.

Oui, mère, je le veux.

Ah ben... Il avait pas tout suivi, là... Ca sentait l'annoblissement, tout ça.

Du coup, il en arreta sa course aux crus locaux, et se tourna vers le groupe. Dami. Et ben ! Il eut un large sourire. Rarement honneur fut autant mérité, et quel honneur !
Non seulement il était ravi pour sa vieille amie, qui faisait coup double et allait pouvoir se marier, mais en plus la distinction touchait tous les Quarante-Cinq.

ll hésita un instant, fait assez rare pour être noté, et se dit qu'après tout, on pouvait bien faire un peu de bruit. Aussi, c'est fort discrètement, comme à son habitude, qu'il leva son verre et invita d'une voix forte, au mépris sans doute de l'étiquette qu'il ignorait à peu près parfaitement, ses compagnons à faire de même :


Pour son Altesse, pour les futures annoblies, pour Dami, pour le roi !

Tocos y se gausos !

Il vida la moitié de son verre, se tourna vers sa brune et ajouta :

Et à toi !

Et acheva de vider le godet.

Tocos y se gausos !

Le - tout - petit prince n'avait suivi que de très, très, trèèèèèès loin ce qui se passait. Voire pas du tout. Oui, bon, d'accord, pas du tout. Il avait fait peur aux deux grands qui avaient menti, et comme tout chevalier après une mission périlleuse... Il avait faim.

Donc, quand les premiers mets furent apportés, il se dirigea tout droit vers la table, profitant de l'avantage stratégique d'avoir les yeux au niveau du plateau, mais pâtissant de l'inconvénient, du coup, d'avoir les bras un rien trop court.

Humpf.

Il y eut un peu de remous dans la salle et il se crispa en entendant la voix de sa mère : elle l'avait repéré et allait le gronder, sûr ! Ah non, elle appelait sa soeur.

Ouf.

Lui, le preux chevalier, ne s'était pas laissé prendre. Philippe-Lévan, le prince au coeur de lion ! En plus, depuis que sa maman avait parlé, les gens ne faisaient plus attention au manger : mission en voie de totale réussite. Dressant vaguement une oreille - pour guetter l'éventuel danger, n'est-ce pas - il entendit que sa maman demandait "voulez-vous vraiment être mes dames ?" et pouffa derrière ses mains. Beuh, les filles avec les filles, c'était même pas comme ça ! Du coup, la curiosité fut plus forte que la faim - et la réussite de la mission - et il regarda ce qui se passait.

Et il vit...

Ylalang.

Avec un gros ventre.

Encore une ogresse dont le ventre était gros parce qu'elle venait de manger un enfant.

MAMAAAAAAAAAAAAAAAAN !

Course éperdue vers sa mère, atterrissage le nez dans les replis de sa jupe.

Elle faillit répondre aux trois futures dames. Elle faillit seulement, parce qu'entre le salut du geste par Paillard, les échos dudit salut - elle en était à sourire - l'arrivée de Dnapo qu'elle n'espérait plus et le *BOUM* heurt avec son fils - Dieu bénisse les amples jupes qui protègeaient les têtes enfantines des chocs contre les jambes maternelles - il se produisit comme un blanc. Enfin, elle reprit le fil des événements :

Ah, messire Dnapo, je ne vous attendais plus... Mettez-vous donc auprès de ces jeunes dames, je vous prie.

Elle attendit de le voir face à elle et poursuivit.

Messire Dnapo, les terres de Collonges, qui avaient été octroyées à messire Verbam, lui ont été par moi reprises en toute logique, parce qu'il a manqué à son devoir de vassal comme de suzerain ; cela, vous le savez. Vous savez aussi que c'est en priorité à vous que je souhaite l'octroyer, vous qui n'étant tenu à nul serment envers moi, avez tout de même risqué votre vie pour tenter de me sauver. Aussi vais-je vous poser deux questions.

Messire Dnapo, voulez-vous être tout à fait mon homme, et acceptez-vous Colllonges, que le sens de l'honneur et de l'équité m'ordonnent de vous octroyer ?