Banquet et bal

La jeune demoiselle, après avoir regardé un temps les joutes, décida qu'il était peut-être temps de penser à manger, et suivit le même chemin que Dame Floryne.

Elle passa par la cour et découvrit le montreur d'ours entouré d'un petit groupe de personnes. Elle continua et entra dans la tour. Les tables avaient été montées et elle se dirigeait déjà vers l'une d'elle quand son regard se posa sur son père, tranquillement assis.

Père! Vous êtes venu? Depuis quand?

La musique, plutot discrète pour le moment, avait attiré ses pas depuis l'entrée du chateau. Se faufilant parmi les hotes de la duchesse, elle salua ca et là quelques tetes connues entrant ainsi plus en avant dans la salle. Un moment, elle se demanda si elle devait aller saluer son hotesse ou non, indiquant ainsi son "leger" retard. Tergiversant, elle se retrouva cependant juste devant celle-ci. Il n'était donc plus question d'hésiter. Inspirant un grand coup comme à chaque fois qu'il lui fallait faire montre d'un vernis protocolaire auquel elle ne se faisait toujours pas, elle s'approcha de la duchesse. S'inclinant devant la duchesse et pair de France qu'il lui arrivait de cotoyer ou rencontrer à Paris, elle déclama assez rapidement :

Duchesse Armoria, je vous remercie pour votre invitation. Voici seulement que je puis me joindre à votre noble assemblée. Permettez moi de vous dire que je trouve votre domaine somptueux et je gage que cette réception en sera de même...

Comme bien souvent, les mots lui manquèrent pour continuer. La plupart des phrases toutes faites, elle les oubliait trouvant ces simagrées du plus assommant. Mais elle ne voulait pas froisser la duchesse, ne sachant trop quel ton utiliser avec elle.

J'ai cru entendre que vous vous étiez illustrée à la course, félicitations votre grace !

Amandine put remarquer l'arrivée de Gaborn qui se tenait à l'écart lui aussi. Elle prit donc une coupe a l'une des servantes qui passait et se dirigea vers lui.

Tout en le saluant.

Je suis ravie de vous revoir Sieur Gaborn. Me feriez vous l'honneur de partager une coupe avec moi?

La jeune femme lui présenta de sa main délicate un coupe pleine d'un doux nectar.

La Duchesse comme à son habitude, a su à nouveau combler ses convives aussi bien par l'organisation de la fête que par le choix des mets et des breuvages.

Gaborn salua Amandine. La jeune femme était resplendissante à ce qu'il pouvait en voir et son ventre redevenu normal. Il lui sourit
Prendre une coupe en votre compagnie est toujours un plaisir Dame Amandine... Comment se porte votre époux et votre enfant ?

A ce moment là deux choses se produisirent, il entendit une voix murmurer et l'autre crier. La première lui susurra un "con d'étable" et il n'eut besoin de se retourner pour contempler Archibaldane, un sourire au lèvres il aurait pu répondre si la seconde chose, ou personne à ce moment précis, ne lui était pas rentrée dans les jambes et le ventre, épargnant grâce à Dieu la zone situé entre les deux.

Il souleva instinctivement la boule d'énergie et la montant à son nez, il fronça le sien (qu'il avait fort moins beau qu'elle ou qu'une probable illustre ancêtre dont nous tairons le nom). Au moment où il allait répondre, son entrejambe jusque là épargné le fut beaucoup moins par l'arrivé inopiné, bien qu'aimable, d'une autre boule d'énergie, susnommé Ethan...
La douleur est éphémère fut sa première pensée, avant qu'il lâche un petit ouille, en se mordant les lèvres...
Il reposa Lorelei, s'agenouilla, maître de lui même, si ce n'est une ou deux larmes au coin des yeux.
Il regarda les enfants et un grand sourire éclaira son visage. Affectueusement, il caressa les cheveux des deux et dit.

Bonjour petite demoiselle, bonjour petit monsieur... Il garda par devers lui tout envie de faire référence à la fugue d'Ethan, pas le moment se dit il... Il sourit un peu plus.Comment allez vous tout les deux ?

Il n'oubliait bien sur pas les deux femmes près de lui, mais que voulez vous, Gaborn et les Ylfans... toute une histoire...

Armoria accueillit Kirah d'un sourire et d'une inclinaison de la tête.

Je suis ravie de vous voir, Duch...

Elle fut interrompue par une paire de cris et deux tornades traversant la salle, non sans dégâts, comme toute tornade qui se respecte. Elle suivit des yeux, sourcil levé, la chair de sa chair, et ses yeux se mirent à briller d'une joie simple.

Veuillez m'excuser, Duchesse... Un ami très proche, presque un frère, que je n'attendais plus.

Suivant ses enfants, bien que moins vite et surtout moins bruyamment, elle alla à la rencontre de Gaborn.

Je vois que les enfants m'ont battue... Tu t'en remettras ? fit-elle en riant.

Gaborn releva la tête à la question d'Armoria, un sourire sur le visage, il répondit. Je l'espère... sinon je redoutes les foudres qui pourraient s'en suivre...Il rit doucement, les yeux pétillants.

Il se releva et s'inclina face à Armoria.

J'en oublierais presque les bonnes manières. Bonsoir Ma Dame Duchesse. Comment te portes tu ?

Voilà, les formalités étaient finies... maintenant... la réception. Repensant à la promesse qu'elle s'était faite, Kirah retourna se perdre dans la salle... A nouveaux, plusieurs tetes connues l'entouraient. D'un simple hochement de tete, une parole brève, avant tout, elle observait. On aurait presque pu croire qu'elle repérait qui était là, qui ne l'était pas.
Diverses rumeurs parvenaient à ses oreilles sur le déroulement des festivités, qui avait gagné, qui avait chu... Enregistrant tout ce qu'elle percevait, elle continua sa progression.
Un peu plus loin, une silhouette qui ne lui était pas inconnue, toute vetue de noir se profila... tiens donc, un autre normand avait fait le déplacement semblerait-il ! Elle ne pensait pas le trouver ainsi seul dans son coin. Un moment, elle s'arreta, l'observant tout comme lui observait la piece. Il était étonnant de le voir aussi posé dans une reception. S'approchant par derrière lui, elle ne put s'empecher de le taquiner et se penchant par dessus son épaule, elle lui lanca à mi voix :

Eh bien valeureux normand ? Comment s'est déroulée ta joute ? la Normandie a t elle brillé par ton bras ?

Armoria lui adressa un regard d'amitié, franc et chaleureux.

Ma foi, je vais bien... Et de te voir céans, je me sens encore mieux.

Tout était dit dans ces quelques mots. Entre eux, les phrases n'étaient pas toujours nécessaires.

Gaborn hocha la tête, le message etait reçu. Il fit un signe designant la piece. C'est une belle soirée, je m'en voudrais de te retenir au mepris de tes convives.
Gaborn s'inclina et designant Amandine et Archibaldane, dit suffisament fort pour etre entendu de cette derniere qui s'eloignait
J'ai de plus deux, insistant sur le deux, femmes formidablement belles pour me tenir compagnie, ainsi que, jetant un coup d'oeil aux enfants, deux tornades qui ont semblent ils beaucoup à me dire...

Il sourit à Armoria, pas encore son sourire habituel, mais deja plus proche de ce qu'ils avaient connu tout deux...

Ayant vu Archibaldane s'éloigner, Armoria comprit pourquoi Gaborn avait un peu haussé la voix. Elle échangea avec lui un regard de complicité. Si peu de phrases, en effet. Mais qui voulaient tant dire.

Eh bien, je vais retourner à mes devoirs, Gaborn. Mais je ne serai pas loin...

Un dernier sourire, et elle retourna vers le haut bout de la tablée.

Une voix, aisément reconnaissable... Sans se retourner, continuant à observer les convives, il répondit
- La Normandie n'est pas à la fête, mon amie, oh que non. Elle fuit défaite avant même que de paraitre en lice ... et s'est misérablement trainée à la course équestre.

Il se retournant enfin, singeant une grande affliction
- Je crains, oh gente Dame, n'avoir point été à la hauteur des espoirs que vous plaçâtes en moi en me confiant ce ruban.

Affichant cette fois un sourire sans malice, il poursuivit, retirant discrètement un brin d'herbe égaré dans la chevelure de son amie
- Mais en même temps, de moi à toi, je crois que tu ne nourrissais pas grand espoir de me voir l'emmener fort loin, pas vrai ? Je suis content de voir, Kirah,... depuis tout ce temps.

Il recule d'un pas, le regard admiratif.
- Tu vas encore me traiter de n'être qu'un vil flatteur, mais cette robe te va comme au premier jour. Il se rapproche à nouveau, et lui lance un clin d'oeil taquin en lui chuchottant Bien mieux qu'à celle pour qui elle fut taillée.

Mais tu dois avoir faim, non ? Faisons honneur à la duchesse, et goutons quelques mets ... avant de nous rabattre sur son vin. Sais-tu qu'on trouve sur la table, là-bas, ce même elixir épicé qui nous accompagna en soirée lors de notre dernière danse ?

La chevauchée fut longue depuis le Languedoc et la route jusqu'en Champagne l'était encore. L'invitation de Dame Armoria était arrivée à point nommé et le Dauphin était ravi de revoir son frère à cette occasion. Alors que le Beau Cardinal et le Fier Shanamir était en train de veiller à l'installation de leurs équipages, Marc Philippe de France décida d'aller directement à la salle du Banquet.

Alors qu'un valet commencait à l'annoncer, il marcha d'un pas décidé vers la maitresse de lieux.

Dame Armoria, c'est un plaisir de venir jouir de votre hospitalité.

Assise à côté de son père, Eléonore regardait les mets qui s'étalaient devant elle avec envie. Son estomac poussait de petits cris qu'elle avait de plus en plus de mal à cacher, et son père semblait toujours absorbé dans ses pensées et elle ne voulait pas commencer à manger sans lui.

Les musiciens jouaient d'agréables airs sur leurs instruments. Elle se demandait si elle pourrait un peu leur emprunter leur harpe pour y jouer un petit air, pour passer le temps.

La duchesse Armoria passa près d'elle et elle se dressa pour aller lui parler.

Duchesse Armoria! Je suis Eleonore di Juliani, je ne vous ais pas trouvé pendant les jeux. Je suis ravie d'avoir été invitée, ces festivités sont très réussies.

Puis elle s'approcha un peu de la duchesse.

Et serait-il possible que j'emprunte un peu la harpe de vos musiciens, en attendant que mon père se réveille?

Elle jeta un coup d'oeil à la table où celui-ci semblait regarder son verre sans le oir, puis retourna son attention vers la duchesse.

Avant l'arrivée de Marc Philippe, la fille de Juju se présenta.

Le bonsoir à vous, et merci d'avoir accepté mon invitation, damoiselle. Nous nous étions vues lors de la fête à Chenonceau... Au cours du colin-maillart, mais j'ignorais alors qui vous étiez, ajouta-t-elle en souriant. Pour la harpe, c'est oui, bien sûr.

Le Dauphin arriva alors, et elle s'inclina devant lui.

Le bonsoir, Votre Altesse. C'est tout Menessaire qui est honoré de votre présence. Votre frère devrait nous rejoindre sous peu, il est allé se changer après avoir brillé sur la lice.

Elle lui désigna le siège qui l'attendait, au haut bout de la table.

Quand vous voudrez vous installer, Votre Altesse... Considérez que vous êtes céans chez vous.