Banquet et bal

Amandine fit un sourire quelque peu forcé à Gaborn. Sa voix devint hésitante et les motds furent dur a prononcer tant sa gorge se serra.

Mon époux se porte fort bien.....

La jeune femme devint pale, Sa main tremblante et faisait frémir le nectar qui emplissait sa coupe. Elle ne souleva pas la remarque sur cet enfant qu'elle n'avait jamais eut la chance de pouvoir serrer dans ses bras, qu'elle n'avait même jamais connu.

Je vous pris de m'excuser Gaborn, mais je vais prendre congés de vous un temps, j'ai besoin de prendre un peu l'air.....

Quelques murmures se firent entendre ça et là.

"phin... dau..."

Levant un sourcil curieux, Loreleï regarda autour d'elle et ses yeux s'écarquillèrent. Un garçon ! Et pas un garçon du peuple, il suffisait de regarder ses vêtements... Les nobles bourguignons ne savaient pas faire d'enfants, c'était la première fois qu'elle voyait un enfant noble, à part son frère. Et... Sa mère s'inclinait devant lui ?

Loreleï n'en revenait pas. Pourtant, sa nourrice lui disait que sa mère était quelqu'un d'important : les gens importants ne s'inclinaient pas, sauf avec les hommes d'église.

Sa curiosité était piquée au vif : elle devait savoir qui était cet enfant si important. Elle alla rejoindre Armoria et salua le jeune garçon d'une gracieuse révérence, ses yeux verts se posant juste après sur sa mère.

Alors que le Dauphin s'apprêtait à gagner son siège, l'arrivée d'une enfant au coté de la Duchesse lui fit marquer un temps d'arrêt. Il avait l'habitude d'évoluer dans un monde d'adultes et le fait de pouvoir dévisager les gens de sa taille était un privilège rare.

Merci Duchesse. Je suis heureux de savoir que mon frère à briller à la lice, mais je ne suis pas surpris, bon sang ne saurait mentir.
Finissant sa phrase, son regard passa de la Duchesse à l'enfant.
D'ailleurs, n'est ce point votre fille ?

Il sourit

Bonsoir Mademoiselle.

A ce moment son frère entra dans la salle. Après l'accolade fraternel, le Prince reprit la parole

Viens mon Frère, mangeons et conte moi tes exploits sur le champs.

Epuisée de la longue route et toujours perplexe de ce qu'elle avait pu apercevoir de sa mère lors de l'épreuve montée, Mynette, que le bruit de la réception énervait, se cherchait un petit recoin calme pour prendre quelque repos.

Une porte entrebaillée attira son attention, elle pensa un instant qu'il serait mal venu d'ainsi quitter la fête mais les élancements qu'elle éprouvait dans le bas de son ventre lui indiquait l'urgence de la situation ; le médecin avait été très clair sur ce point.

Elle poussa la porte, avisa un fauteuil d'apparence confortable, loua le goût de sa mère et s'enfonça avec délice dans la douceur des coussins...

Ton écuyère n'a pas briller non plus de ce que j'ai entendu... hum... connaissant Mariette, tu t'apprêtes à quelques entrainements plutot intensifs je pense, elle va vouloir se défouler !

Singeant une grimace, elle le gratifia d'une légère tappe sur le bras
- Ah bien ! je ne te félicite pas ! pour une fois que je te confie un de mes rubans... voilà donc tout le soin que tu en prends ? Il n'est pas trop poussiéreux j'espère ? Ce serait dommage de ne plus pouvoir l'utiliser !

Elle note le geste, rougit presque, intimidée de le voir ainsi rectifier sa coiffure, n'ayant pas noté le brin d'herbe restant accroché
- Parce que la distance entre la Normandie et la Bourgogne est courte pour toi ?

Elle a pris l'habitude dans leurs petites joutes verbales de prendre le contrepied de ses interventions, petit jeu entre eux.
Au vu de cela... je me demande si je suis heureuse de te revoir... si vite.

D'autant que le ton sérieux de son ami l'étonne. Décidément cette retraite a eu un drole d'effet sur lui. Ou alors est-ce la sienne ? Elle ne peut retenir une bouffée de chaleur de lui monter au visage sous son compliment. Et ce sentiment, elle ne l'aime pas, vraiment pas. Surtout quand elle se souvient dans quelles circonstances elle est devenue propriétaire de cette tenue.

- Hum, tu devrais revoir ton répertoire l'ami. Tu deviens répétitif ! Et se penchant vers lui de même, elle lui lance, grinçant presque des dents Tu n'as jamais voulu me donner le nom de cette maitresse, et bien sur, Hildegarde s'en est bien abstenue elle aussi. Impossible donc de connaitre le tailleur qui l'a réalisée et donc de la reproduire. Imagine que la couture viennent à lacher ?

Espiegle, elle se redresse, notant au passage la mine surprise de Vinkolat. Et son regard pour le moins.... Se raclant la gorge, elle reprend
- Arhem, imagine seulement ! Ne viens pas tirer trop fort pour me prendre au mot car cela m'étonnerait qu'Hildegarde t'ait accompagné ici !

Un clin d'oeil ponctue sa phrase, un instant elle revoit cette nuit d'élections, presque 9 mois déjà... Ah ils en avaient des projets ! Certains déjà menés à bien, d'autres en court toujours, et d'autres encore qui n'avaient pas aboutis... Passant la main sur sa robe pour en accentuer l'étroitesse, elle reprit
Faim ? hum... heureusement que je n'ai pas faim de tes prouesses à la joute ! Allons donc gouter ces mets alors ... les vins de la duchesse sont réputés mais il est vrai que cet élixir... crois tu qu'il nous enivrera comme chez le Beau Cardinal ? Heureusement cette fois, j'ai mes bras finit-elle secouant ses deux mains telles des marionettes.

Posant sa main sur le bras de Vinkolat ainsi qu'elle l'avait vu faire les dames de la Cour, elle attendit qu'il les mène vers les tables. Au moins ne débuterait-elle pas cette soirée seule comme elle le craignait initialement. En outre, Vinkolat allant certainement à un moment ou un autre etre attiré par un jupon passant sous son nez ....

Loreleï venait d'arriver, ayant réussi une très jolie révérence. Armoria lui sourit, s'apprêtant à faire les présentations.

En effet, Votre Altesse, voici ma fille, Loreleï d'Ylfan...

Morgennes arriva, follement gai, ce qui lui fit chaud au coeur : elle se souvint de sa propriété des Dombes, où il était si seul. Lui volant un baiser, il obtint en retour un rougissement de sa part, et un regard mi-inquisiteur, mi assassin, de Loreleï, dont l'attention fut détournée du Dauphin, ayant une nouvelle cible à sa curiosité.

Armoria, à qui cela n'avait pas échappé, refit les présentations pour Morgennes. Elle n'eut pas le temps, en revanche, de présenter Eole, qui s'en chargea elle-même à sa façon, au grand dam d'Armoria, qui héla aussitôt un valet

L'attentat ne fit de victime que son costume. Le Dauphin porta instinctivement le majeur de sa main droite sur l'éclaboussure de crème qu'il s'empressa donc de goûter.

Cette crème est bonne, allons manger et espérons que nous arriverons à mon siège sans autre attaque.

Amandine alla prendre place sur l'un des balcons de la salle, s'appuyant sur le garde corps et essayant de reprendre ses esprits.

Elle n'avait pas voulu etre incorrecte avec Gaborn mais eut du mal a lui donner des explications. Elle resta donc la a observer la lune de cette nuit d'été.

Un attentat au gâteau... Mais le pire avait été évité. Armoria n'ayant pas eu le temps d'aider Eole à se relever, l'embrassa sur le front et lui essuya les mains, sous le regard hilare de Loreleï.

Votre Altesse, fit-elle à Morgennes, votre frère a raison, nous devrions passer à table.

Morgennes lui donnant le bras - après s'être convenablement débarrassé des traces de l'attentat - ils se dirigèrent à leur place.

Au passage, elle félicita la fille de Juju pour son interprétation, lui glissant :

Songez à festoyer tout de même...

Avant de s'assoir, elle haussa un peu la voix pour attirer l'attention de ses convives.

Je vous demande quelques instants d'attention avant que de faire bombance, bien chers invités.

Amandine sentit une personne derrière elle, les yeux encore humides de larmes elle se retourna.

Dame Johannara....

Un sourire timide se dessina sur son visage, s'inclinant pour la saluer.

Eole fut soulagée de ne pas être grondée. Tentant d'ignorer la moquerie de Loreleï, elle tenta tout de même de se rattraper. Aussi, elle tenta une maladroite révérence avant de présenter ses excuses.
Messires, je mescuse pour ma maldroitesse. Je referai plus.

L'attention obtenue, Armoria regarda l'assemblée. Elle ne s'attendait pas à un si beau succès pour cette invitation, et en ressentait joie et fierté.

Comme vous le savez, ces joutes sont un peu... Particulières, dans le sens où les dames n'y ont pas participé. Or, cela va priver ces messieurs d'un classement dans la ligue, comme vous le savez tous. Sauf que...

Ses yeux pétillèrent en faisant le tour de l'assemblée.

Sauf que j'ai le plaisir de vous annoncer ce soir la création d'une seconde ligue, qui aura son propre classement et que ces joutes-ci vont inaugurer. Une ligue, où seuls ces messieurs jouteront. Ainsi, les dames pourront bien évidemment affronter les messieurs dans les tournois de la ligue classique, et ceux qui préfèrent des us plus... Classiques trouveront leur compte itou.

Elle prit une profonde respiration et son ton devint plus personnel.

Maintenant, si je vous ai réunis céans ce jour d'hui, ce n'est pas seulement pour fêter mon retour en Bourgogne - même si le dit retour me fait chaud au coeur... Non, il y a une autre annonce à faire, mais je vais laisser le Prince Morgennes vous le dire.

Elle tourna la tête vers lui, l'invitant à se lever d'un sourire, les yeux brillants, espérant qu'il aurait découvert son cadeau sous sa serviette.